(Oui oh ça va je suis un peu à la bourre)
Découvert en Alsace, le marché de Noël a depuis migré en France, franchisé par Jean-Pierre Pernaut, au point qu’il devienne dans le 13h le sujet principal du mois de décembre. Je dis principal et pas premier car « juste avant on jette un petit coup d’œil aux prévisions météo d’Evelyne Dhéliat » évidemment. Pour ces dernières lors du dernier mois de décembre elles ont pu se résumer à pluie, repluie et parapluie. Heureusement le marché de Noël a ceci de particulier que chaque négociant est abrité sous son chalet individuel, il s’agirait quand même pas que le dernier savetier de Trifouillis les oies nous fasse une bronchite.
D’autant que le marché de Noël nantais est en passe de devenir incontournable, il a déjà devancé celui de Strasbourg, enfin seulement sur google pour l’instant mais nul doute que les 120 exposants tous plus improbables les uns que les autres se sont suffisamment démenés pour lui faire sa petite réputation. Enfin s’il existe un marché du marché de Noël.
Soyons honnêtes, ces marchés de Noël sont une escroquerie sans nom.
Enfin si, « marché de Noël » en l’occurrence.
A-t’on vu réunion plus hétéroclite de camelots monnayant gadgets rivalisant d’inutilité : du vendeur de bouillottes thermonucléaires pour mains au marchand de fromage savoyard, de la bougie décorative au portrait sur verre gravé au laser, du jouet en bois que votre neveu vous jettera à la figure parce qu’il voulait le dernier Call of duty : modern blood assassin warfare 23 au plombier en fil de fer et à tête de boulon que vous offrirez à votre beau-frère, fatalement plombier de son état, de l’étal de charcuterie basque à la boutique Nespresso. J’ai envie de dire what else ?
Bah des santons de Provence, il n’y a pas si longtemps je me disais justement que ma déco intérieure manquait cruellement de santons de Provence… et de lustres en carton… et d’imitations de la planète Saturne en polystyrène…
Alors que déjà dès le mois de novembre votre grenier se pourlèche les babines à l’approche dudit marché, car au final tous ces trucs que vous y achetez c’est un petit peu ses cadeaux de Noël à lui. C’est d’ailleurs lui qui fut le plus ravi du nécessaire à cocktails de l’année dernière, acheté convaincu que vous étiez par la démonstration de ce colporteur comme possédé, qui a d’ailleurs bien fait de ne pas repointer le bout de son nez cet hiver. Sinon vous le lui auriez probablement fait bouffer son service à cocktails, et avec la notice en portugais.
Au moins le fameux nécessaire à cocktails peut se vanter de disposer encore de toute son intégrité, ce n’est plus le cas de ce pauvre casse-tête bouteille avec lequel, ivre, vous vous êtes démenés pendant sept bonnes minutes avant de piteusement vous résoudre à envoyer votre petit dernier quérir une scie égoïne au garage.
- Papa c’est quoi une scie égoïne ?
- Oh ta gueule p’tit con, t’es bien le fils de ta mère, je vais la chercher moi-même tiens !
Le tout bien entendu sous les railleries indélicates de vos amis qui eux, doivent uniquement à votre sens de la retenue d’avoir conservé toute leur intégrité.
L’industrialisation de l’achat inutile.
Visiblement l’esprit de Noël veut qu’on se nourrisse en ces périodes de crêpes bretonnes, de fromage savoyard, de charcuterie basque et d’apéritif vendéen. Pas moins de 36 chalets dits « alimentaires ». Un petit logo « manger-bouger-au-lieu-de-vous-goinfrer-bande-de-grosses-feignasses.fr » sous chaque stand n’aurait pas été du luxe. De plus il semble que l’appellation « de Noël » implique d’une manière assez obscure une surévaluation du prix de vente. Des experts se penchent en ce moment sur la question, enfin s’affalent plutôt, leur raisonnement scientifique étant quelque peu altéré par deux ou trois shots de troussepinette.
Et puis à part Jean-Pierre Coffe qui peut bien indiquer sur sa liste au père Noël du Comté ou du jambon de Bayonne ?
Je n’ose même pas vous entretenir de ces marchés de hippies que sont l’autre marché et le marché de Léon, plutôt à privilégier pour des cadeaux à des gens que vous n’aimez vraiment pas. Ou plutôt pour des cadeaux « avec un supplément d’âme » comme nous le précisent les arpoètes esthètes de la com’ municipale. D’ailleurs à ce propos les mecs : votre formule là et ce qui sort de mon cul ça se ressemble bougrement.
A moins que ce fameux supplément d’âme ne soit l’ « autre » nom de la T.V.A.
ATTENTION pas de filouterie à l’autre marché, tous les produits confectionnés avec amour et vendus – avec amour aussi – ont été réalisés par des gens différents. Et du vrai triso hein, pas juste de l’attardé mental, de l’handicapé moteur ou du chômeur de longue durée. D’ailleurs ces produits sont accompagnés d’un certificat d’authenticité et d’un macaron « Made in Trisomy ». Parce que l’Economie Sociale et Solidaire c’est sérieux, il y a même un ministère pour ça.
- Bonjour madame, dîtes moi ce petit collier en coquillages, vous le vendez combien ?
- 34 euros
- D’accord bah je vais vous le prendre quand même, ça fera bien chier ma tata Janine
Dommage qu’ils n’aient pas daigner employer nos amis trisos comme force de vente, y aurait eu moyen de faire des affaires, genre échanger un sac à main en toile de jute malgache contre trois pépitos. Oui car le triso raffole du pépito, il faut le savoir, en plus d’être relativement corruptible. Par contre ne vous essayez pas à leur refourguer un granola ils ont un sixième sens pour ces choses là. D’ailleurs à la réflexion c’est même le seul qui fonctionne. Et puis bon ils sont quand même mieux là qu’à batifoler en forêt.
De toute façon moi, personnellement, arpenter les marchés… je crois que je préfère encore me taper un marathon de tous les téléfilms avec un titre contenant le mot Noël diffusés à la télé ces quinze derniers jours.
Sans compter que le vin chaud, mine de rien, ça ravive bien moins la température intérieure du corps que le souvenir de grands-parents décédés chez qui vous regardiez Maguy les dimanches en fin d’après-midi.