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Déjà 3 suicides en 3 semaines à la prison de Nantes

 Voila qui devrait ternir la réputation de la nouvelle prison nantaise. Voire même à plus long terme lui faire perdre une étoile au guide des prisons de France. Déjà que le restaurant était dans le viseur des critiques gastronomiques, si en plus les chambres donnent envie de se pendre c’est là un gros coup dur pour l’industrie du tourisme pénitentiaire nantais.

 D’après un informateur anonyme interne, au moins deux des trois suicidés auraient mis en cause dans une lettre (en plus de l’absence de moutarde au restaurant et des nouveaux uniformes Desigual) la décoration de leur cellule (confiée à Valérie Damidot) et plus particulièrement la couleur taupe et les stickers de barreaux marouflés aux quatre murs.

L’annonce arrive comme de par hasard au moment où la prison affiche complet et que les clients se voient obligés de dormir sur des matelas par terre.

Yann Hervé du syndicat UNFAP (DAP DAP DOU WAP) explique que la prison a « fait les frais d’un appel d’air à l’ouverture ». Ah ça les courants d’air c’est un vrai problème, surtout lorsqu’on laisse les portes ouvertes. Et puis évidemment dès qu’un établissement ouvre les clients se ruent, ne serait-ce que pour se la péter lors des dîners en ville, son ancien voisin le Radisson Blu a eu le même problème, je pense que la direction aurait largement pu l’anticiper. Aujourd’hui la structure affiche un taux de remplissage de plus de 100% à faire pâlir n’importe quel établissement hôtelier . A notre connaissance le Radisson Blu ne s’est tout de même pas abaissé à faire dormir les clients sur des matelas par terre.

Ouest-France expliquait lors de sa visite que la prison proposait des chambres simples ou doubles, avec douche et WC dans chacune d’elle. D’après le guide des prisons de France « l’endroit est sobre mais chaleureux, le personnel toujours à l’écoute bien que discret, les lieux de vie sont agréables et les draps vraiment très très solides, on pourrait même s’en servir pour déplacer des montagnes… ou des bichons (c’est des petites biches) »

« Room service ! »  © Photo PO – O.L.

Cette loi des séries est-elle un pur hasard ?

D’après mes informations les détenus auraient reçu lors d’une après-midi loisirs créatifs une succincte formation d’approche concernant les différents nœuds de marin. De là à penser ces gens suffisamment intelligents pour reproduire un nœud de chaise tout seul, c’est là un pas que je ne franchirai pas. Pensez aucun d’entre eux ne sait lacer ses chaussures.

 Il est lamentable de voir en 2013 des gens dormir à même le sol. Même en prison. Même dans la série Oz ça n’arrive jamais. Bon parfois certains se font sodomiser, crucifier, suriner MAIS TOUS LES SOIRS ILS DORMENT DANS UN VRAI LIT. Bon évidemment pour ceux qui sont toujours vivants à l’extinction des feux, ça va de soi. Ca s’appelle le respect de la dignité humaine, et croyez-moi je m’y connais j’ai moi-même eu une fois un ami sans domicile fixe.

 Application concrète d’une idée de génie

 Peut-être devrait-on sérieusement songer à la possibilité de faire dormir les détenus dans les couloirs des prisons comme aux urgences du CHU, où là soit dit en passant jamais on ne manque de lits, le problème c’est juste qu’on ne sait plus où les mettre.

 Trop de lits dans un espace exigu d’un côté, pas assez de lits dans un établissement neuf et spacieux de l’autre. Vous la voyez venir la solution géniale ?

 Il s’agirait bien entendu de combiner les deux services publics pour n’en former plus qu’un. J’appelle ça le PPP Partenariat Prison Polyclinique. Puisqu’il semble évident que ces détenus s’ennuient on leur offrirait une succincte formation d’infirmier ou d’aide soignant en échange de quoi ils dormiraient dans un vrai lit tous les soirs et on les laisserait pas mourir (sauf s’ils insistent lourdement, il ne s’agit pas de contrevenir aux droits de l’homme et du contribuable).

 Ce concept d’hôpital prison existe déjà mais il consiste à mettre des malades mentaux en prison alors que le mien consiste à mettre des prisonniers à l’hôpital. Ce qui est concrètement bien plus drôle comme concept.

Mais pas si dénué de sens puisque certains détenus disposent eux-mêmes déjà d’une solide expérience en laparotomie abdominale qu’il s’agirait – après formation continue – d’exploiter et in fine diplômer au titre de la validation des acquis de l’expérience. Dans un rôle de chirurgien. En contrepartie certains détenus (désignés démocratiquement) serviraient de sujets d’étude afin d’améliorer l’efficacité de leurs congénères qualifiés de « personnels détenus soignants ».

 

En dehors d’un léger risque que des détenus assassinent des gens malades sans défense qui n’avaient rien demandé, ce partenariat Prison-polyclinique ne possède que des avantages : égorgement, pardon désengorgement des urgences, diminution du nombre de malades, diminution du nombre de prisonniers et surtout diminution de la dépense publique. Nul doute que le gouvernement actuel sera sensible à ce dernier point, en pleine période d’austérité il serait criminel de ne pas avoir recours à des méthodes non-conformistes.

 Et laissez-moi vous dire qu’on n’est pas prêts de revoir une otite aux urgences.

 Cette proposition arrive à point nommé en plein débat sur l’euthanasie. En effet l’application pratique explicitée ci-dessus serait une bonne occasion de concilier besoins de malades en phase terminale et pulsions de meurtriers multirécidivistes. Evidemment cela nécessiterait des discussions préalables afin que les deux camps se mettent d’accord sur les dispositions pratiques telles que la durée d’agonie, le choix des armes…

 Des applications plus larges du concept

 Après cette démonstration éminemment convaincante il faudra envisager une refonte complète du service public :

–          Partenariat poste prison : des détenus trieraient et achemineraient le courrier à chaque adresse.

–          Partenariat Ecole Prison : détenus employés comme assistants d’éducation en ZEP

–          Partenariat Trésor public Prison : les détenus (les plus « convaincants ») iraient chez chaque contribuable collecter l’impôt directement à la source

Je terminerai ce billet par un peu de tendresse dans ce monde de brutes.

La suite se réfère à cet article paru dans Ouest-France

« Savez-vous qu’il y a davantage de germes sur un chariot que sur une lunette de toilette ? »

On nous l’a déjà faite pour le téléphone portable, les cacahuètes dans les bars, les claviers d’ordinateur, les barres métalliques du tram et les livres d’Eric Zemmour alors merci pour la nouveauté mais on est un peu vaccinés. De plus vous ne pouvez pas le voir puisque vos lunettes elles-mêmes sont évidemment plus sales que votre lunette de toilettes, chariot, téléphone, clavier, volant de voiture, télécommande, radio-réveil et bol de cacahuètes réunis.

La vraie nouveauté serait de classer tout ça par ordre de saleté croissante, on appellerait cela l’échelle de Richter de la saloperie, ou plus simplement la Hiérarchie. Par exemple est-ce que les cacahuètes viennent avant ou après le chariot, est-ce qu’il vaut mieux lécher un clavier d’ordinateur ou les barres du tram ? Diner sur une tablette tactile ou sur une plaque d’égout ? Téléphoner avec votre téléphone ou votre télécommande ? Et puis d’ailleurs depuis quand la lunette de toilette est devenu l’étalon international en terme de propreté ? Surtout ne serait-ce pas de la discrimination raciale envers les Turcs de faire aussi peu cas des spécificités de leurs systèmes latrinaux ?

Une apparition de Jésus dans des chiottes à la turque

Cela étant dit, le fait que les turcs n’aient aucun accès à cette unité du système international expliquerait bien plus de choses qu’il n’y parait. Mais trêve de remarques racistes frivoles, si je vous parle de tout ça c’est que cette phrase, la tout première de cet article absolument pas censé aborder le sujet des lieux d’aisances, prononcée dans Ouest-France par Hughes Titard, directeur d’Arceau Anjou, entreprise adaptée récemment spécialisée dans le lavage de chariots – ça va vous suivez toujours avec les virgules ? – est, avouons-le, conne comme une bite.

D’ailleurs vous remarquerez que souvent quand on commence à comparer le nombre d’impuretés d’un objet usuel avec celui de votre lunette de toilette c’est qu’on a quelque chose à vous vendre. Ici l’ami Hughes – oui on est intimes pensez il connait personnellement ma lunette de toilette – propose de laver et désinfecter mon chariot de supermarché. Pour ce faire il a conçu une machine dédiée, sorte de lavage auto pour caddie, capable de traiter 150 chariots par jour. Et le tout par des handicapés mentaux, mais ça c’est juste pour le fun. Et qu’on ne m’accuse pas de discrimination j’ai un ami noir handicapé qui possède le DVD des chariots de feu (ceci dit il n’a aucun mérite il est gay).

Auparavant les chariots sales étaient simplement jetés dans la Loire

Avant l’invention de cette machine révolutionnaire les chariots sales étaient simplement jetés dans la Loire

Le marché de la saleté caddiesque est plutôt porteur d’après les témoignages sur maville, qui n’avait pourtant lancé aucun appel à témoin. Ainsi « Mamie Polo » nous déclare que « personnellement il y à longtemps que je désinfecte mon chariot où autres dans mon sac j’ai toujours des lingettes désinfectantes et un flacon de produits; je désinfectes mes mains après avoir ouvert une porte. les poignées sont porteuses de microbes. » On a appris depuis que la malheureuse est décédée d’un arrêt cardiaque en regardant sur youtube la vidéo two girls one cup.

Non chez certains ce n’est pas le chariot qu’il faudrait nettoyer mais le cerveau. Dans le même registre le témoignage de Manou8 « Je met toujours des gants pour circuler avec les chariots ! » Ce à quoi un jeune sauvageon – sans doute saltimbanque du chariot de Thespis – prénommé « Le V » ne trouve rien de mieux à répondre que « Même en été lol ». Tu feras moins le malin l’ami le jour où tu seras victime d’une gastro carabinée pour avoir imp(r)udemment avoir voulu te procurer à Super U tes chocapic à mains nues. C’est drôle on en revient toujours à ces histoires de toilettes. J’ai le regret de vous informer que cet article tourne en rond.

A qui la dernière promo sur la palette de porc ?

Bon ça va vous êtes habitués.

Et puis d’ailleurs tourner en rond c’est bien ce que fait le chariot que votre femme se borne à choisir chaque samedi, et chaque fois victime du syndrome de la roue avant droite chaque fois bloquée à cause duquel vous avez dû délaisser chaque fois votre habituel circuit aléatoire entre les rayons pour un parcours en cercles concentriques à l’intérieur de votre magasin. Et inutile de pester contre le service maintenance du magasin, c’est aux responsables du marketing qu’il faut destiner votre courroux. Ces derniers ont bien vite compris que ces chariots zombies enverraient tout droit leurs cornacs dans la gueule du loup au centre du magasin où sont concentrés les offres spéciales et la tyrannique responsable du rayon traiteur qui vous hurle dessus pour vous refiler 1 Kg de palette de porc.

Si on m’avait filé un euro à chaque fois que j’avais ignoré ce genre d’apostrophes inopportunes, à l’heure qu’il est j’aurais déjà racheté l’hypermarché, remplacé la responsable du rayon traiteur par un mec déguisé en poulpe, chaque caddie par un homologue électrique autonettoyant et ma lunette des toilettes par la responsable du rayon traiteur.

Cette machine est indéniablement une des plus grandes avancées depuis l’âge du bronze. Mais bon vous êtes gentils avec vos chariots stérilisés dans lesquels on pourrait opérer un chaton à cœur ouvert, mais en attendant qui va la nettoyer ma lunette de toilette ?

Information :

Une démonstration de la machine infernale aura lieu au Super U de Trélazé le mercredi 10 avril prochain, de 10h à 12h. Entrée gratuite. Les germes ne sont pas fournis, bring your own device, comme on dit.

Retour sur l’épisode neigeux de janvier dernier.

Les réseaux sociaux se sont enflammés suite au traitement journalistique de cet évènement  (ou non-évènement si vous n’êtes pas de la profession). Des maisons entières aussi se sont enflammées à l’occasion mais il semblerait qu’un chauffage défaillant soit plutôt en cause. Les 40 000 journalistes de France n’ont été d’ailleurs que brièvement retenus en garde à vue.

L’enquête sur les origines de l’affaire m’a mené tout droit vers une dénommée Evelyne Dhéliat. La papesse des milfs du web serait la première à avoir osé aborder le sujet une semaine avant les évènements malheureux qui ont dégénéré en psychose.

Un historien du journalisme contacté m’a expliqué que l’origine exacte de cet accès fiévreux dans le monde du journalisme proviendrait des premières vacances hivernales d’Yves Mourousi en Mars 1978. Bon soyons honnêtes mieux valait lui piquer cette fâcheuse habitude là plutôt que celle de chier dans les bidets. C’est donc devant le journal de 13 heures que la France découvrait à la fin des années 1970 pour la première fois ces particules de glace cristallisée tombantes du ciel par milliers. Des rumeurs circulaient déjà dans le tout-Paris mais elles furent vite éclipsées par des troublantes révélations de l’express sur les juifs de la Franc-maçonnerie qui seraient sur le point de renverser le régime. La suite a montré qu’il s’agissait seulement de l’organisation d’une soirée Bingo.

Tram de la neige

Tram de la neige

Des photos avaient également circulé à la fin des années 1950 tendant à prouver l’existence de ce nouveau type de précipitations qui n’était « pas vraiment de la pluie, ni de la grêle ». Ces photos ont bien vite dénoncées comme photoshopées et dans le milieu journalistique on s’est bien vite plus intéressé à ce classement des 256 hopitaux français où il fait bon vivre..

Mais revenons aux faits du mois de janvier dernier, origine de tant de tracas. Déjà dès le mois de décembre Jean-Pierre Pernaut avait un orgasme en direct durant son journal de 13 heures en voyant de la neige tomber sur le toit d’un chalet de marché de Noël de province. Orgasme qui, par effet papillon interne entraîna un relâchement soudain du sphincter externe. Heureusement le seul effet visible à l’antenne étant un léger frémissement du sourcil gauche cela n’a eu aucune conséquence sur son public du 3ème âge.

Je n’ai jamais compris pourquoi les chaînes infos en été nous annoncent une canicule depuis leurs studios alors que pour annoncer neige ou tempête elles se sentent obligées d’envoyer quelqu’un dehors faire un duplex en anorak. Comme si elles avaient peur qu’on ne les croit pas. Comme si elles croyaient encore que les gens croient ce qu’on leur raconte à la télé.

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Enfant retrouvé mort gelé et momifié à Nantes

EXCLU : Laurent Delahousse sera la prochaine égérie de la marque The North Face.

EXCLU numéro 2 : On a jamais vendu autant de thermomètres que depuis que les 20 heures leur consacrent moult gros plans.

Un psy m’a affirmé qu’une telle passion des journalistes ne peut être liée qu’à un traumatisme de l’enfance, de type classe de neige annulée à la dernière minute en CM2. Vu le nombre de journalistes incriminés et le nombre de classes de neige annulées par an cela parait cependant peu probable.

REVUE DE PRESSE

Mais l’épisode neigeux c’est avant tout l’occasion de rendre hommage aux vrais gens à travers de splendides moments de télé qui commencent éternellement par « à 70 ans Roger n’a jamais quitté son village de (insérer ici un nom de département moisi) »

Dans ce premier extrait du 13h, Yvette, haute-mayonnaise* également haute en couleur (une chieuse quoi) se souvient que, petite, son père lui « faisait la route avè la pelle » afin quelle puisse rallier l’école. Un autre témoignage, d’un expert, nous interpelle « Ces jours-ci y a un changement de lune. Alors ça dépend faut regarder le début de la lune comment ça démarre » nous explique-t-il. « Si ça s’arrange ce sera pas trop mauvais sinon si ça repart à la neige on en a encore pour un mois quoi » Un expert en élevage d’ovidés ai-je oublié de préciser. Louis et Paulette nous réconfortent en nous expliquant qu’ils ont connu bien pire en 1961. Apparemment ils y ont survécu, même si la déco intérieure nous fait subodorer un léger blocage spatio-temporel au niveau de l’époque incriminée. Le témoignage d’Henri, 90 ans, nous démontre le caractère exceptionnel de cet évènement neigeux « je me souviens pas en avoir vu autant ». Il faut reconnaître à Jean-Pierre Pernaut un certain talent pour nous dénicher à chaque fois LE village de France qui a connu son pic neigeux du centenaire.

*J’avais d’abord écrit « Garonnaise » mais le correcteur orthographique WordPress  me l’a souligné en rouge et a proposé « mayonnaise ». J’ai trouvé ça trop mignon, désolé.

Evidemment tout accès de précipitations neigeuses entraîne inévitablement le traditionnel encombrement des urgences comme nous le démontre Claire Chazal « on ne compte plus les chutes de piétons » C’est dommage moi j’aurais bien aimé qu’on les compte. Apparemment le cameraman a suivi des inconnus dans la rue pendant des heures en vain puisqu’on a droit à aucune chute véritablement sérieuse. Tant pis après 6 heures de rushs infructueux l’équipe s’est rabattue sur les urgences pour nous narrer quelques fractures. Rien de transcendant. Même les gars du service espaces verts ont « troqué leurs sécateurs contre des pelles », et en profitent pour nous confier ainsi un témoignage bouleversant de sincérité et de poésie « c’est un autre boulot mais bon, c’est un boulot comme un autre ». Le tout accompagné d’un rictus dans lequel semble transpirer un vibrant « t’as vraiment rien d’autre à foutre espèce de gros con de journaleux»

Dans le même 20 heures du 19 janvier dernier une « rencontre improbable en plein centre de Nemours » : un type qui roule en VTT sur un tapis de neige, sac cabas au guidon, la journaliste, en voiture, ralentit à sa hauteur, l’homme continue de pédaler, jette un œil à la voiture, n’en a visiblement rien à branler, la dramaturgie est à son paroxysme tandis que la journaliste (ou apparentée) lance sournoisement au vieil homme « Mais dîtes donc c’est super dangereux ce que vous faîtes ! ». L’homme réplique aussitôt dans un moment d’une intensité qui n’est pas sans rappeler la grande époque Audiard « Peeeeeenses-tu ! » La voiture des journalistes le laisse à son trophée Andros tandis que ceux-ci s’en vont filmer un jeune homme grattant la neige sur son pare-brise avant de déplacer l’objectif vers l’habitacle et nous livrer ce succulent commentaire en voix-off « surtout restez bien au chaud madame ». La demoiselle n’ayant pas daigné ouvrir la vitre l’équipe de reporters s’en va tranquillement non loin de là interviewer un bonhomme de neige « pas très loquace ». Tant pis elle se réfugie vers une valeur sure en cette période : les enfants. Luge, batailles de boules de neige, « football sur glace » et ce magnifique moment cinématographique où l’équipe filme successivement un jeune garçon glisser sur une luge puis ce qui ressemble à une descente en caméra embarquée, probablement filmée par la même caméra sur la même luge quelques minutes plus tard. Un plan qui nous fait dire que certains journalistes reporters d’images ont clairement raté leur vocation de cinéaste. Je vous laisse découvrir la fin avec le lapin et la saleuse – ATTENTION SPOILER – qui est en fait un tracteur tondeuse modifié  EH OUI MESSIEURS DAMES quel cliffhanger inattendu !

Qu’y a-t-il de plus beau qu’un groupe d’enfants regardant tomber la neige avec des yeux de journalistes ?

Pendant ce temps-là au plus haut de l’état des voix discordantes se font de plus en plus entendre autour de cette nouvelle opération qui intervient est-il utile de le rappeler  le lendemain du déclenchement du conflit Malien.

Il faut quand même savoir que le plan neige est l’équivalent du plan vigipirate dans le monde du journalisme. Claire Chazal reconnaît elle-même dans cette séquence que Paris sous la neige « c’est presque inédit » Elle-même n’ose pas appeler ça un reportage mais une « carte postale ». Carte postale d’ 1’20 dans laquelle une présumée gentille mamie nous explique que « les petits flocons dans le cou c’est désagréable », ce gentil marchand lui nous informe que « tellement qu’il fait froid ça gèle et le chauffage a du mal à fonctionner ». Si je résume la carte postale : les vieux font leur marché, les vendeurs vendent, les sportifs font du sport, les touristes font des photos, la neige a décidément une emprise bien étrange sur les gens.

Claire Chazal qui nous propose une « carte postale » BORDEL T’ES PAS BURALISTE TU PRESENTES LE JOURNAL DE 20 HEURES GOURDASSE ! balance-nous plutôt une carte postale du conflit Malien ! « Bonjour Mamadou vous allez où avec ce pick-up ? Et dîtes c’est pas un peu dangereux de se promener avec une kalachnikov chargée autour du cou ? »

Je vais regarder une vidéo pour me calmer

Le vendredi 18 janvier dans Ouest-France, Mickaël Louédec nous donne lui « 10 bonnes raisons d’aimer la neige » parmi lesquelles j’ai retenu « 7. Quelqu’un qui tombe, c’est rigolo… » ou « 3. Ça nous fait un sujet de discussion », ça je ne vous le fait pas dire cher ami. Je ne peux m’empêcher de retenir aussi ce passage plein de poésie : « D’autant que cette neige, dans laquelle personne n’a encore marché, c’est un peu la nôtre » Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour le journalisme d’investigation !

A propos de chute je ne résiste pas au plaisir de vous offrir ce sublime extrait de JT sur France 2, où on voit un pauvre bout de pare-choc enfoncé assorti d’une voix-off « une grosse frayeur pour notre équipe de tournage ». Quelle bande de fiottes sans déconner ! L’équipe n’est finalement pas effrayée au point de ne pas filmer ce type qui se casse la gueule pas moins de deux fois sous leurs yeux, se raccrochant difficilement à une borne incendie.

– Madame vous sortez vous allez où ?

– Ben je vais au pain !

Toujours cette étrange lueur d’incompréhension dans le regard de gens complètement désarmés face à autant d’à-propos. 20 secondes plus tard c’est un jeune garçon qui s’étale comme une merde sur le cul en arrière plan tandis qu’on interviewe un petit vieux au premier plan. Notez le subtil cadrage large et excentré du cameraman, relativement inhabituel quand on n’attend pas spécialement un vautrage en règle de son interlocuteur, ou d’un passant derrière lui. On ne sait plus bien si on regarde la messe du journal télévisé ou vidéo-gag. France 2 a vendu les droits de cette chute sur verglas à TF1 qui souhaite en faire un nouveau concept d’émission de télé-réalité, ça devrait s’appeler Sbam ! (titre provisoire) Au retour plateau Laurent Delahousse se presse alors de rire, sans doute de peur de n’avoir à en pleurer.

Grand moment de cette mecque hiverno-journalistique (oui pour un journaliste le reportage sur la neige est l’équivalent du Hajj pour un musulman) Ouest France nous sort LE dispositif spécial : pas moins de 49 vidéos, se sublimant toutes les unes les autres. Morceaux choisis :

Cette première nous présente un plan de 30 secondes sur des voitures dans un embouteillage, évidemment la route est enneigée sinon cette vidéo n’aurait aucun intérêt. Oh wait ! Celle-ci, de 24 secondes nous présente une Peugeot traversant une rue de Ploërmel, enneigée forcément. Ma préférée reste cette caméra embarquée de 18 secondes intitulée « la neige sur la route entre Vannes et Ploërmel » où l’on suit rien de moins qu’un véhicule utilitaire. Eh ouais mon pote. A Rennes à 4h du mat, un type est donc sorti de chez lui par -3°C afin d’interroger des gens bourrés sortant de boîte sur les conditions météorologiques. Remarquez que le gens bourré se prête assez volontiers à l’exercice.

Même les nains de jardin nantais n’ont pas peur de la neige, c’est pas dingue franchement ! 

Je vous épargne les séries de photos sur la place Viarmele château et le vignoble.

Cet article de Presse-Océan nous explique que l’aéroport connaît quelques retards et qu’il invite donc (logiquement) « les voyageurs à anticiper leur venue ». Je penche de plus en plus pour la thèse selon laquelle la neige ouvre un vortex vers un monde parallèle.

Même les québécois se foutent de notre gueule…

Mais l’omniprésence neigeuse de l’époque sur le microcosme journalistique nous permet quelques perles comme ces cambrioleurs retrouvés par la police qui a suivi leurs pas dans la neige, ou ce sexagénaire ivre qui s’est gelé le sexe en violant un bonhomme de neige, et enfin cet autre type qu’on a retrouvé vivant après avoir été enfermé deux mois dans une voiture sous la neige. Cela permet également de répondre à quelques questions existentielles comme « faut-il couvrir son chien quand il neige ? ». Notez que la question n’est pas « faut-il couvrir son chien par temps froid » mais bien « quand il neige« . Une preuve de plus s’il en était besoin du pouvoir d’attractivité de ce mot neige.

Dernière chose : les gars si vous voulez vraiment nous montrer de la neige vous allez dans un village de montagne, y en a 6 mois par an et bien plus que les 5 centimètres tombés sur Paris avec lesquels vous nous bassinez pendant une semaine. Et surtout avant de partir en reportage, posez-vous la question : quelle info je traiterais si y avait pas 5 centimètres de neige dehors ? Le choix éditorial est déjà une information en soi. Cette dernière phrase est beaucoup trop sérieuse j’aurais dû essayer d’y placer le mot bite.

Autant vous dire que l’absence de point d’interrogation dans le titre n’est définitivement pas un oubli.

Fin de la leçon. La semaine prochaine je m’attaquerai aux plombiers et à leur lamentable technique de cintrage d’un tuyau de cuivre.