Dernier billet avant la fin du monde. Pas la prochaine, la suivante.
Il est l’un de ces types qui vous tient la grappe dix minutes avec moult considérations philosophico-existentielles quand vous lui demandez juste : « ça va ? ». Lui c’est Alexis HK, comme j’étais au concert et qu’il se présente lui-même comme régional de l’étape (il y ajouterait probablement troubadour ou saltimbanque), je me suis dit que j’allais vous en causer. Mais en bien pour une fois. Enfin je vais essayer.
Je dois d’abord vous parler de cet espèce de truc que j’ai vu en première partie Askehoug, si un jour Borat se lançait dans la musique on serait probablement pas très loin de ce résultat. Leur dernier album Je te tuerai un jeudi est dans les bacs. Non ce n’est pas un copy-paste-fail de ma part c’est vraiment le nom de l’album.
Pour en revenir au sujet principal, à peine moins déjanté du reste, je le présenterais comme issu de la nouvelle scène française (pas sûr que ça lui fasse plaisir), mais celle de la fin des années 90, à l’époque Lou Doillon tétait encore les seins de sa m… A l’époque où Lou Doillon mourrait de faim. Alexis HK chantait lui « c’que t’es belle quand j’ai bu » et mutilait son nom (Djoshkounian) jusqu’à n’en plus laisser que deux petites lettres. Celle du « milieu ».
Comme le faisait remarquer ma voisine de derrière Alexis HK s’était déjà produit dans cette même salle « Paul Fort – la bouche d’air » (Rayer la mention inutile) il y a quelques mois lors d’une tournée intitulée seuls à trois avec « Benoît Dorémus, très bien d’ailleurs et l’autre, le petit jeune là… » On vous laisse chercher madame, on reviendra vers vous. D’ailleurs pour l’anecdote Alexis HK était aussi en showcase à Leclerc Paridis en septembre dernier pour la promotion de son album. J’y étais aussi, mais pas pour ma promo, pour de la litière pour chat. Oui j’assume parfaitement cette avalanche de pour.
Nouvelle scène française oui mais qui ne ressemblerait à rien de connu, d’ailleurs si je devais citer des influences – comme il est de bon ton de le faire dans toute critique musicale qui se respecte – elles seraient probablement toutes mortes, ou moches, voire les deux en même temps, ce qui viendrait noircir inutilement cet éloge non funèbre. Il serait d’ailleurs sans doute plus approprié d’accoler cette couleur à l’humour du ménestrel susmentionné. Celui-ci, grâce à une plume plus acerbe qu’un musulman kosovar inscrit son tour de chants au sein de thèmes aussi variés que les pompes funèbres, le lancer de nains, la mafia, la presse people, la dérive guerrière du moyen-âge, le catch, la politique… On ne serait même pas étonnés si on nous disait que certains textes étaient signés Henri Guaino.
Prenez le tout et mixez le avec une fausse nonchalance mais vraie impertinence, qui le pousse notamment à donner une note à son public, qui reprend pourtant de bonne grâce et en chœur Wapidam pam papwé, zipam pam pam zpam papwé… RENAN LUCE ! Merci madame mais ça ne se fait pas d’interrompre les gens au beau milieu d’un paragraphe, d’autant qu’on avait tous déjà trouvé hein je vous ferais dire.
Connasse !
Je sais même plus ou j’en suis moi maintenant oui voila zpam papwé, pourquoi je parlais de ça moi d’ailleurs. Bon bref tout ça pour dire que les textes sont au moins aussi ciselés et brillants que… ben un autre truc qui serait ciselé et brillant. Ajoutez à ça de vraies bonnes mélodies et des musicos presque pas homosexuels : Serge Lama, Hervé Vilard, un batteur qui ne ressemble à rien et un Dick Rivers peroxydé – équipé de lunettes de soleil collection Bernadette Chirac 1987 – aussi à l’aise au clavier, à l’accordéon ou à la harpe que ma main avec ma bite. Le parti pris artistique de recruter ses musiciens dans une école de sosies reste toutefois relativement discutable.
S’il a un physique à la Bertrand Cantat, la musique d’Alexis HK est toutefois moins rock, le style moins « punchy » et surtout il se trimballe une compagne qui file vachement moins d’envies de meurtre. Liz Cherhal, pour ne pas la nommer, une des rares chanteuses sans réelle ambition dont les dents rayent pourtant le parquet. Ah non j’avais dit pas le physique. Non je l’ai pas dit ? Me connaissant c’est sans doute pas un oubli. D’ailleurs j’aurais encore deux ou trois remarques à faire sur les coupes de cheveux et tenues des musicos.
Le dernier album « le dernier présent » traite parait-il de la fin du monde, c’est pas aussi évident à l’écoute, on y voit plutôt une succession de belles chansons agrémentées de jolis mots compliqués qui, quand on les acolle, ne veulent pourtant globalement rien dire du tout si on ne vous donne pas le thème de la chanson à l’avance. On y distingue toutefois par ci par là références historiques et cinématographiques. Reste que sur scène ça fonctionne sans problème, le talent créatif est là, même foutraque. Oui j’aime bien cet adjectif. Attention l’express souligne quand même que « les arrangements sont souvent trop classiques pour emporter tout à fait l’adhésion ». C’est justement ce que je disais la semaine dernière à Jean-François Copé.
Reste qu’en fin de concert, deux rappels et une standing ovation et demi plus tard, le sourire est sur toutes les lèvres, avec un tel don pour la scène difficile de ne pas « emporter l’adhésion » d’un public au moins aussi hétéroclite qu’hétérosexuel et malgré une prestation qui va de charisme en Si-La sur le plan humoristique. Oui je savais que j’aurais dû m’arrêter au dernier paragraphe. A noter quand même pour le côté informatif que l’album d’Alexis HK « le dernier présent » est présélectionné pour être nominé aux victoires de la musique. On ne peut que lui souhaiter que Pascal Obispo soit nommé dans la même catégorie.
PS : A la fin du concert l’arbitre a rédigé un rapport pour insolence du public. On attend les conclusions de la commission de discipline mais les prochains concerts d’Alexis HK pourraient se dérouler à huis-clos.
Bonus :