Archives de juin, 2012

Œuvre pérenne de l’artiste plasticien espagnol José Miguel Fernandez Jimenez del Trempolino.

Le voyage à Nantes s’effectuera donc en bus. Ou pas du tout. En effet l’œuvre n’a pas été retenue en raison de la récente et piteuse prestation des bleus à l’Euro 2012. Quel rapport me direz-vous ? Et bien ce bus n’est autre que le célèbre bus de Knysna (prononcer « naïssna ») qui retint en otages (prononcer « autaj ») pas moins de 23 joueurs français plusieurs heures durant la journée du dimanche 20 Juin 2010. Heureusement cette prise d’otages n’a eu aucune conséquence grave en dehors de ruiner définitivement la réputation d’un pays à l’échelle mondiale, pays déjà considéré comme écrasant la concurrence au classement des jours de grève. A défaut du classement FIFA.

L’installation du bus au sommet d’un bunker n’est évidemment pas anodine, José Miguel Fernandez Jimenez del Trempolino (loué soit l’inventeur du copié-collé) nous explique en effet que l’édifice de béton symbolise l’isolement et le silence des mutins de Knysna dans leur local syndical mobile. Un bien beau symbole puisque ceux-ci ont dû faire face à au moins autant d’attaques que les allemands qui occupèrent ce lieu jadis (lors des joutes de la coupe du Monde 1940). Des attaques à l’obus de mortier de la part de la compagnie France 98 dirigée par le général Dugarry. Au pied de l’installation, l’artiste espagnol a souhaité apposer des barres d’attache pour chevaux,  parce que dit-il « (il) aime bien les chevaux ». Les deux orifices qu’on peut apercevoir dans la façade avant du casemate sont l’œuvre de la fameuse « taupe de Knysna » – Patrice Evra la chasse toujours, Reward $ 2,000,000 – et font du lieu une gigantesque taupière, toujours dans la symbolique et l’imaginaire du plasticien espagnol. Qui était quand même un peu con-con, on peut le dire aujourd’hui qu’il est décédé. Cette « taupière » abrite aujourd’hui un lieu entièrement dédié à la musique « La Fabrique », selon une des dernières volontés de José Miguel Trempolino Fernandez Jimenez de la Caretera avant sa tragique mort en mai dernier « parce qu’en plus des chevaux (il) aime bien la musique ». Lol heureusement qu’il n’aimait pas de surcroît ingérer ses crottes de nez… Heu attendez ça représente quoi en bas à droite ces cailloux au pied des arbres ??? A moins qu’il se s’agisse d’une simple symbolique de la lapidation médiatique. Le mystère perdurera probablement à jamais [1]

Des visites guidées du bus sont organisées par son conservateur M. Abou Diaby qui y a élu domicile en juin 2010 et  ne l’a plus quitté depuis. Gravement atteint de la maladie des os de verre, il a trouvé là un environnement propice et confortable loin des terrains de football et de la vie extérieure devenus trop anxiogènes pour lui.

Prévoir protège-tibias et bouchons d’oreilles puisqu’à l’intérieur selon les désirs du maître Trempolino le conservateur M. Diaby interprète en boucle le tube de René la taupe Mignon mignon.

NB : derrière l’installation vous pouvez entrapercevoir une partie du musée Guggenheim de Nantes.


[1] La mairie de Nantes nous a contactés quelques heures après la parution de cet article pour nous informer que c’était bien pensé mais qu’en réalité ces rochers ont été déposés là par leurs services pour prévenir tout stationnement sauvage. Un comportement totalement irresponsable de la part d’une mairie qui se prétend pourtant volontiers chantre de la culture et qui se permet là de souiller l’œuvre d’une vie. D’une mort plutôt en l’occurrence puisque pour l’anecdote l’artiste espagnol est décédé en réalisant la vidange du véhicule dont il est question ici. Pour l’anecdote toujours, à l’autopsie pas moins de 3,7 litres d’huile Motul 10w40 [2] ont été retrouvés dans ses poumons. L’autopsie du chariot de garagiste révélera des roulettes excessivement grippées entravant toute forme de fuite pour l’esthète ibérique.


[2] En vente chez Norauto : le bidon de 5 litres 29,95 €. Avec la carte Norauto 1€ d’achat = 1 point et 300 points épargnés valent un bon d’achat de 6 €.

48 morts cette année contre 30 l’année dernière à la même époque. Heureusement on tient le responsable : nous. « La préfecture critique le « relâchement » des automobilistes et motards de Loire-Atlantique ».

Eh oh  ! On ne lit pas la presse pour se faire engueuler !

Explication, toujours sur 20 minutes.fr :

 « Pour expliquer cette hécatombe, en « décalage avec la répétition des actions de contrôle et de prévention », la préfecture dénonce un « relâchement » des comportements. »

Traduction : Les usagers se tuent exprès pour nous faire chier.

Si les chiffres sont probablement vrais les conclusions semblent tirées par les cheveux. Est-ce qu’il ne faudrait pas plutôt en conclure que cette « répétition des actions de contrôle et de prévention », non seulement n’a aucun effet positif mais a même plutôt un effet négatif puisque mathématiquement le nombre de morts augmente avec le nombre de ces « actions de contrôle et de prévention ».

Journalisme bah-si-vous-le-dites

Un peu jusqu’au-boutiste comme raisonnement, mais bon on ne va quand même pas remettre en cause les actions de la préfecture, on va dire que c’est la faute de ces gros cons qui se bourrent la gueule, fument des joints, roulent trop vite et – nouveauté cette année – ne dorment pas assez. 20 minutes a même été interviewer un médecin pour donner du crédit à cette dernière thèse, par contre à aucun moment on n’émet ne serait-ce qu’un doute sur l’efficacité des actions de la sécurité routière. Bizarre. Soit le journaliste a eu obtenu sa carte de presse dans une boîte de cordons bleus père dodu (alors que vous vous tapez systématiquement le magnet du département du Cher), soit il a autant d’esprit critique qu’un ornithorynque respirianiste. On sait pourtant grâce à lui depuis peu qu’un relâchement peut avoir des conséquences mortelles.

L’attention des automobilistes c’est quand même le seul truc impossible à mesurer scientifiquement autant dire le bouc-émissaire parfait. On augmente le nombre de contrôles et, si les morts baissent, c’est que la méthode est efficace, on en remet une couche. S’ils augmentent c’est la faute de ces connards qui jouent à Angry Birds en roulant et surtout parce qu’on n’a pas été assez loin donc on en remet une couche. Moralité : qu’on fasse gaffe ou pas on aura de toute façon de plus en plus de contrôles donc autant se bourrer la gueule et fumer des joints au volant.

On aurait également pu rajouter en lisant ceci que le nombre d’accidents et de blessés était en baisse par rapport à la même époque l’année dernière. Le journaliste a oublié de nous le dire, ou bien la préfecture aura oublié de le mentionner au journaliste. Si on commence à détailler on va être obligés d’expliquer que si le nombre d’accidents baisse c’est parce que les usagers de la route se relâchent un peu moins souvent mais plus intensément à chaque fois. En fait les gens conduisent comme ils baisent, sauf que le coup d’un soir c’est pas avec une blonde mais avec un arbre, et lui n’a même pas besoin de t’aguicher avant.

Que faire ? (A part nous engueuler dans la presse)

Etant donné l’efficacité indéniable de toutes ses actions de prévention, la préfecture va ajouter pas moins de 8 nouveaux radars (Oui le radar est un outil de prévention, contre une baisse du budget de l’état).

Le nombre de morts risque donc de s’accroître dangereusement, suivant le théorème démontré ci-dessus. Espérons que les experts de la préfecture planchent déjà sur les causes de leur bilan catastrophique de l’année prochaine, voici quelques pistes de bouc-émissaires:

  • état des routes lamentable (non c’était pour la déconne)
  • Les chiens en plastiques qui bougent la tête sur les planches arrière et qui distraient les automobilistes
  • Les enfants qui demandent tout le temps « quand est-ce qu’on arrive ? »  alors qu’on vient juste de partir et à cause desquels on doit détacher son attention de la route quelques instants afin d’administrer une « action préventive » de type baffe dans la gueule.
  • Les GPS
  • Radio côte d’amour
  • Les femmes
  • Samir Nasri et Jérémy Menez

(Liste non exhaustive)

Bientôt, pour avoir toujours des statistiques croustillantes à dévoiler, la sécurité routière va imiter pôle emploi et scinder les morts sur la route en catégories :

Catégorie 1 : Les mecs bourrés, fumeurs de joint qui dorment pas assez

Catégorie 2 : les gosses de moins de 5 ans mal attachés ayant atterri à plus de 15 mètres du véhicule

Catégorie 2.1 : les gosses de moins de 5 ans mal attachés en attente d’atterrissage.

Catégorie 3 : Les décapités

Catégorie 4 : Les jeunes mineurs basanés de banlieue à casquette sans permis en excès de vitesse avec voiture volée (Beaucoup trop de maures sur les routes, oui bon d’accord elle est facile)

Catégorie 5 : Les femmes (En Arabie Saoudite, où les femmes ont toutes inexplicablement échoué à l’examen du permis de conduire, la catégorie 5 serait rebaptisée « les homosexuels » et serait donc fusionnée à posteriori avec la catégorie 3.

De toute façon on s’en fout puisque comme à Pôle emploi on ne comptabilisera plus que la première catégorie, jugée la plus représentative.

Evidemment vous n’êtes pas obligés de me croire. Bon faites gaffe quand même sur les routes sinon pour l’hécatombe de l’année prochaine ils vont tout me coller sur le dos.

Dans le voyage (ici à Nantes en l’occurence), ce qui importe ce n’est pas le voyage c’est celui avec qui on voyage et suivant ce précepte de Jean-Luc Gendry – dont le site évène.fr vient de me révéler l’existence il y a cinq minutes – un autre Jean-Luc, Courcoult, ferait assurément un sacré bon tour opérateur. Cette rue de la chute est un voyage aux frontières de la loufoquerie, mais plutôt vers l’ouest, sans doute le premier road-movie théâtral sur tapis de course et cheval de manège. Venant de la part du créateur de Royal de Luxe, plus rien ne devrait pourtant nous surprendre, surtout pas des lunettes oranges qu’on chausserait nous plus volontiers dans Les Experts pour analyser une scène de crime que dans la vie de tous les jours. Il faut croire que voir la vie en orange administre une dose presque inhumaine de créativité. Ca et les bières qu’il enquille pendant le spectacle sous sa guérite de bois.

Autant dire que le pitch va pas être facile à résumer, la compagnie le résume comme ceci : « Derrière l’ouest il y a l’ouest et ensuite encore l’ouest », la pièce présente le tournage au XXIème siècle d’un film sur le Far West situé au XIXème, dans l’enceinte d’un château du XVIème, survolé (trop) régulièrement d’avions de ligne low-cost du XXème. Ca va vous suivez ? Le décor est planté, côté jardin Fall street et son auberge à l’ambiance explosive, côté cour Big town, son « grand hotel », sa laverie, ses putes et son saloon. Et au milieu de tout ça le désert de carton pâte devant lequel viendront se succéder tous les éléments clichés du western filmé : la maquerelle et ses prostituées (à 4 dollars), les cowboys versus les indiens, des indiens qui évoquent évidemment des esprits surnaturels, des pendus (bavards), un tenancier de laverie chinois (pas bavard), l’arrivée du télégraphe, le sheriff, le juge et l’assassin : un cheval carnivore (pour changer). Oui et aussi un flingue maléfique que t’as le temps d’aller pisser entre le moment où tu te fais tirer dessus et celui où tu reçois la balle. Le décor et les accessoires semblent aussi low-cost que les avions de ligne qui survolent la scène à intervalles réguliers. Ne manquent plus que les Dalton et Rantanplan pour en faire un Lucky Luke, enfin un Lucky Luke où le Pony Express serait à pédales, Jolly Jumper pendu au bout d’une corde et où un type se découpe des tranches de bacon dans la cuisse pour déconner.

Durant deux bonnes heures pas moins de 20 comédiens se succèdent avec parfois plusieurs rôles, on saute du western burlesque au vaudeville comico-gore en passant par l’indispensable numéro de comédie musicale. Indispensable c’est ironique hein, je ne voudrais pas avoir l’air d’encourager ce genre d’initiatives. Le spectre de la bande-son est aussi large, de la partition grave d’Ennio Morricone jusqu’au – grave aussi mais dans un autre sens – Gigi l’amoroso de Dalida. Allons-y gaiement. Si la louferie était un art Courcoult en serait le président d’académie. Quelques effets MontyPythonesques viennent rappeler qu’on est sur un tournage de film, comme les deux agitateurs de paletots qui ne sont pas sans rappeler les noix de coco de Sacré Graal. De même les régulières « pauses photo » ont un côté jouissif, même le gag de la porte dans la gueule passe comme un télégramme à la poste. Bien sûr tout n’est pas parfait, l’enchaînement des scènes est parfois incompréhensible, pour certaines (le vautour) on se demande même simplement ce qu’elles foutent là. Tout semble souvent prétexte à l’utilisation de la grue et autres accessoires préexistants. Mais le rythme est plutôt soutenu, les changements de décors et accessoires bien foutus, on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer, les comédiens sont

bons, de même que les différents effets visuels. On peut quand même légitimement s’étonner qu’il faille laisser les enfants à l’entrée en raison de scènes pseudo-gores qui n’apportent finalement pas grand-chose. Contrairement à ce à quoi elle nous avait habituée, Royal de Luxe fait ici plus dans l’humour pipi caca que dans la poésie, après tout on s’en fout c’était gratuit, on va pas en plus être exigeants. Et puis au moins l’heure et demi d’attente à l’entrée sous le cagnard m’aura permis d’achever la lecture du festin nu de William Burroughs, qui doit probablement avoir le même fournisseur que Jean-Luc Courcoult.