Archives de novembre, 2012

Vous n’avez pas pu y échapper. Du moins si vous avez moins de 20 ans. Hollister a ouvert une succursale à atlantis, de 800 m² sur deux étages. Incarnant les valeurs de la côte ouest américaine « surf, cool, californien », HOLLISTER et sa maison-mère Abercrombie & Fitch incarnent « le style et l’héritage de l’Ivy League ». Ce billet était sponsorisé. Jusqu’ici.

Devanture du magasin Hollister Nantes

ATTENTION SPOILER

Bon déjà il faut remettre les choses en perspective Hollister n’est que la marque low-cost d’Abercrombie & Fitch. Voir qu’on y vend le T-Shirt à partir de 20 euros c’en est presque insultant pour la jeunesse actuelle. Comment bomber le torse devant tes amis avec un T-Shirt Hollister à 20 euros quand eux arborent un Abercrombie ou Quiksilver à 35 euros ? Pas envisageable. A moins porter le hoodie (comprendre sweat à capuche, on aime bien parler anglais chez Hollister, j’y reviendrai) à 72 euros. Enfin juste si vous ne voulez pas que vos amis vous lancent des cailloux. C’est vous qui voyez.

Mais entrons à l’intérieur (Des boules Quiès sont disponibles à l’entrée du blog)

J’ai pu avoir accès aux minutes d’une réunion marketing chez Hollister :

–          Eh les gars j’ai eu une révélation pour le magasin : alors on marque pas le nom du magasin sur la devanture mais sur toutes les fringues qu’on vend, le plus gros possible, on parfume nos vêtements, on met la musique à fond, on éteint toutes les lumières et on fout deux types en slibard à l’entrée… qui parlent anglais.

–          C’est génial coco (oui au service marketing Hollister tout le monde s’appelle coco) mais qu’est ce qu’on fait de l’idée de magasin en forme d’hippopotame géant ?

–          On continue à creuser quand même au cas où ces cons de jeunes ne trouvent pas mon idée génialissime.

Si vous avez eu la « chance » comme moi de pénétrer l’antre de ce magasin je suppose que, emmitouflé dans votre plus gros manteau d’hiver,  vous aussi n’avez pas su quoi répondre ni dans quelle langue au quelque peu perturbant « hey you what’s up » du lifeguard torse nu à l’entrée. Juste une proposition : « Non mais excusez-moi on n’a pas été cow-boys ensemble »

DSCN6177-flouHollister est au prêt-à-porter ce que le Gangnam style est  la musique

Si ce magasin représente les valeurs de la côte ouest alors ces pauvres californiens sont forcément tous sourds, aveugles et olfactivement diminués. Oui vieux quoi. Le marketing sensoriel c’est sympa quand Intermarché nous passe un fond sonore de Gérald De Palmas. C’est bizarrement plus ridicule et moins efficace quand cette musique est rock et à fond, quand ça pue le parfum bon marché, quand vous ne voyez pas où vous marchez (et donc pas beaucoup plus les vêtements à vendre) et surtout quand les vendeurs parlent une autre langue.  On croirait un mix entre LC Club, Sephora et une cave autrichienne.

On appelle ça du marketing décomplexé

En témoigne cette mamie criant à l’oreille d’une jolie vendeuse en tongs « VOUS AURIEZ LE MEME EN S ? ». Oui je ne l’ai pas précisé mais tous les vendeurs sont jolis. Un peu superflu dans le sens où la pénombre aurait facilement pu œuvrer dans le sens du recrutement de vendeurs moches. Tant pis ils déposeront un CV à la halle aux vêtements.

Tout le monde a donc les 5 sens en éveil : vue, ouïe, odorat, toucher et libido. Ceci dit on peut quand même légitimement s’interroger sur le concept puisque manifestement ce magasin est destiné aux jeunes et qu’aux dernières nouvelles c’est toujours les parents qui détiennent le portefeuille familial. Allez essayer de traîner vos parents dans un endroit aussi oppressant pour un plus de 30 ans. Si les magasins commencent à ressembler à des boîtes de nuits bientôt on ira au hangar à bananes pour acheter des slips.

Le samedi après-midi mieux vaut s’armer de patience

Que dire de cette devanture de maison californienne, qu’on croirait directement extirpé de la côte ouest américaine, avec en guise de sable fin… des escalators. Et ces maîtres nageurs à l’entrée alors que le seul point d’eau est à 500 mètres de là. Evidemment qu’ils sont là pour la photo, d’ailleurs ces deux là ont été probablement plus photographiés en une semaine que cette pourtant magnifique coupole de verre sous laquelle ils sévissent. A la gentille dame me demandant si ces deux jeunes gens étaient connus pour se faire photographier avec tout le monde je n’ai pu que répondre « Euh non c’est juste deux types en maillots de bain rouge »

Magasin ouvert du lundi au samedi de 9h30 à 21h

Entrée gratuite

Sélection de tweets :

Sans oublier l’indispensable dictionnaire français-anglais

Et oui le jeune est sournois ce qui devient à portée de main ne l’intéresse déjà plus

Je rappelle que l’ingestion d’autobronzant peut être dangereux pour la santé

Bon là j’avoue j’ai rien compris

Vous vous êtes probablement toujours demandé pourquoi les chauffeurs de tram actionnaient le gong en arrivant et en repartant de chaque station. Et bien cessez de vous tarauder l’esprit, j’ai la réponse : ces gongs notifient les débuts et fins de chaque round de Boxe en tram. Et là vous vous demandez probablement ce qu’est la boxe en tram. Quelle chance vous avez puisque cet article (pardon maintenant on dit « billet ») ne traite absolument pas de cyclimse mais justement bien de boxe en tram.

Sport méconnu alliant combat et équilibre, il s’agit ni plus ni moins de boxe française mais en milieu tramwaytal.  Ce sport est apparu au milieu des années 80 en même temps que la violence dont il est issu de la sous-branche sportive, plus spécifiquement il fait d’ailleurs partie de la fédération française des sports de combat en transports urbains. A Nantes il a été importé par la direction des transports suite à de régulières agressions dont sont victimes les agents de la TAN. Il a donc été décidé de canaliser cette violence à travers le sport. Cette idée suit également la récente stratégie de diversification de l’activité de transport urbain. On avait un temps parlé de restauration dans le tram à l’occasion du voyage à Nantes, malheureusement l’idée n’a pas été concrétisée. D’autres projets sont à l’étude,  liés à la culture ou aux loisirs comme ceux qui visent à transformer certains trams en salles de concert, potagers, bibliothèques ou piscines municipales itinérantes. Pour l’instant des problèmes de coût freinent encore tous ces projets mais nul doute que les augmentations de plus en plus régulières et importantes du prix du ticket devraient permettre de les rendre viables rapidement.

Le principe  :

Le nombre de rounds varie selon les lignes, un combat démarre toujours en bout de ligne pour se terminer station commerce, un round a lieu entre chaque station et à chaque arrêt les boxeurs ont 30 secondes pour se reposer, enfin s’ils trouvent une place pour s’assoir. A l’arrivée à Commerce, si l’un des deux combattants n’est pas KO c’est le contrôleur (arbitre)  qui soulève le bras du vainqueur. Cette nouvelle initiative est bien sûr très encadrée, les paris ne se font qu’en tickets 1 heure, une cote est établie à l’avance pour chaque boxeur. Chaque match est enregistré au moyen de la vidéosurveillance qui peut sanctionner à posteriori les coups bas (rares), les coups aux usagers ou à l’arbitre (beaucoup moins rares). Pour la mise en place de ceci chaque salarié de la TAN a reçu une formation aux sports de combat puisque la plupart du temps les conducteurs eux-mêmes affrontent les usagers.

On refait le match

Le vendredi 26 octobre j’ai pu assister à l’un de ces combats. Youssef (prénom d’emprunt, il s’appelle en réalité Wilfried Berthier), 53 victoires dont 12 par couteau affrontait Rachid (aka Jacques-Emmanuel Poissonnier), 46 victoires dont 34 par tesson de kro. Match démarrant à l’arrêt François Mitterrand sur la ligne 1.  Dès le début Youssef prend les choses en main puisqu’à l’arrêt Frachon (celui où personne ne monte ni ne descend jamais) il avait déjà asséné deux grosses droites, l’un à une femme enceinte et le deuxième à un enfant de 5 ans, Rachid étant occupé à envoyer des textos sur un portable fraîchement volé, à moins que celui-ci ne se soit découvert une passion soudaine pour Hello-Kitty. A Romanet les deux combattants se toisent toujours du regard, du moins ce qu’ils arrivent à toiser sous la visière de leur casquette. Youssef prend l’initiative du match et assène un crochet du droit, facilement esquivé par Rachid, beaucoup moins par la mamie à la permanente qui voit son dentier voler à l’autre bout du wagon, douchant de bave la moitié des spectateurs plus ou moins sur sa trajectoire. Rachid en profite pour tenter un high kick arrêté violemment par une des nombreuses barres de soutien.

A Croix-Bonneau les concurrents ne se sont toujours pas touchés, des mauvaises langues du wagon commencent à penser qu’il ne s’agisse en réalité que d’un simple accès de délinquance comme on en voit dix par jour. Les paris sont suspendus, mais provisoirement puisque les doutes se lèvent quand Rachid s’essaye à un regard de travers à Youssef. On est à Du Chaffault et le match commence réellement. Rachid profite de la descente pour se jeter sur son adversaire et lui… tirer les cheveux. Oui bon pourquoi pas. Comme ce serait dommage de faire le voyage pour rien il assène un coup de boule à un type à l’aspect extérieur de prof de S.V.T. qui avait l’audace de lire un livre plutôt qu’assister à ce qui ne relève plus que de la pantalonnade à ce moment du combat. A gare maritime le contrôleur intervient finalement et donne un avertissement aux deux concurrents pour non combativité, la sanction est elle-même sanctionnée d’un double coup de pied dans les couilles de bon aloi. Si vous connaissez le tir combiné des frères Derrick vous voyez de quoi je parle.

Pour terminer ce match les concurrents trouvent drôle de faire bouffer leur ticket à tous les occupants de la rame. Présentant honteusement mon ticket électronique sur mon smartphone j’ai dû m’exécuter après qu’on ait réduit ce dernier en une bouillie comestible sous mes yeux. Depuis je chie régulièrement du lithium. Le match, lui, a donc accouché d’un piètre match nul 0-0 mais tout de même 3 K.O. et 4 autres blessés divers, tous chez les malheureux spectateurs. Les combattants ont visiblement pris un certain plaisir puisqu’ils repartent en se frappant affectueusement le bras et en insultant nos mamans. Cette expérience me fait suggérer que ce sport n’est pas encore tout à fait au point et mériterait des éclaircissements notamment au niveau de la participation des spectateurs à l’action qui a une fâcheuse tendance à parasiter le duel, malgré que ce soit souvent à leur insu. Sans doute juste un mauvais jour pour la boxe en tram mais ce sport est probablement amené à se développer, voire à s’étendre par exemple au tout nouveau chronobus. On ne saurait trop conseiller à la TAN de revoir sa copie quant aux règles d’engagement et/ou privilégier d’autres sports mettant notamment moins a contribution les usagers.

L’idée du sport en tram a malgré tout fait son chemin et aujourd’hui on peut envisager d’étendre la mesure à l’athlétisme avec un 100 mètres en tram ou à des pratiques plus conviviales et peut-être pus adaptées à l’environnement telles que le pole dance, le bowling ou même le curling en hiver. Sinon on continue à s’asseoir tous avec de la musique dans les oreilles, en tirant la gueule et en se regardant en chiens de faïence mais l’aspect sportif est quelque peu occulté dans cette pratique aujourd’hui généralisée.